Références philosophiques
Définitions et distinctions conceptuelles
1. La nature au sens de la nature humaine
Inné / Acquis
La distinction entre l’inné et l’acquis renvoie à deux manières d’envisager ce que l’homme possède :
- L’inné désigne ce que l’homme a en lui dès sa naissance, sans apprentissage ni travail.
Exemple : un talent artistique spontané, certaines aptitudes naturelles. - L’acquis est ce qui résulte d’un apprentissage ou d’une éducation.
Exemple : la maîtrise de la philosophie, qui nécessite un effort d’appropriation.
Questions soulevées :
- Existe-t-il des compétences spécifiquement innées chez l’homme ?
- Le talent ou le génie sont-ils naturels ?
- Y a-t-il des capacités propres à l’homme dès sa naissance, ou tout est-il acquis culturellement ?
Naturel / Conventionnel
Une autre distinction importante oppose :
- Ce qui est naturel : déterminé biologiquement, relevant de la constitution physique ou instinctive,
- À ce qui est conventionnel : issu des mœurs, coutumes ou institutions sociales.
Exemples :
- Il est naturel pour une femme d’avoir ses règles.
- Il est conventionnel de penser que c’est à elle de s’occuper des enfants pendant que l’homme travaille.
Questions soulevées :
- Les institutions sociales et politiques dénaturent-elles l’homme ou accomplissent-elles son essence naturelle ?
- La distinction nature/culture est-elle pertinente pour comprendre l’humain ?
- Comment reconnaître, chez l’homme, ce qui relève du naturel et ce qui relève du culturel ?
2. La nature au sens de ce qui n’est pas produit par l’homme
Naturel / Artificiel
On distingue ici :
- Ce qui est naturel : donné par la nature, sans intervention humaine.
Exemple : un arbre, du charbon brut. - De ce qui est artificiel : produit par l’homme, transformé par une activité technique ou culturelle.
Exemple : un champ cultivé, un téléphone portable, une œuvre d’art.
L’homme, par son activité fabricatrice, transforme ainsi la nature.
Question soulevée :
- Dans cette transformation, l’homme est-il au service de la nature, ou bien apprend-il à la maîtriser et à s’en libérer ?
Naturel / Institutionnel
On peut encore opposer :
- Ce qui existe indépendamment de toute intervention humaine,
- À ce qui est institué par les hommes (lois, règles, traditions).
Question soulevée :
- Ce qui est institué par les hommes trouve-t-il son origine dans la nature ?
- La convention est-elle une rupture avec la nature ou une poursuite de son ordre ?
3. La nature au sens de la Phusis : un ordre supérieur
Dans la tradition grecque, notamment chez les présocratiques, la Phusis désigne l’ordre suprême de la nature, régi par la causalité.
La nature apparaît alors comme :
- un ensemble de lois,
- un ordre contraignant qui s’exprime en nous et hors de nous,
- une force indépendante de la volonté humaine.
Cette conception oppose la nécessité naturelle à la liberté humaine, laquelle prétend être cause de ses propres actes.
Question soulevée :
- L’homme est-il un empire dans un empire, libre à l’intérieur de l’ordre naturel ?
- Ou bien appartient-il pleinement à la nature, au même titre que tout ce qui existe ?
En résumé
La nature peut être comprise comme ce qui est inné, ce qui échappe à la convention humaine, ce qui existe indépendamment de toute fabrication, ou encore comme un ordre nécessaire auquel l’homme appartient.
À chaque approche correspondent des interrogations fondamentales sur la liberté, l’identité et la place de l’homme dans le monde.