Le pari de Pascal est un argument contenu dans le paragraphe 233 des Pensées. Il s’agit là d’un des arguments les plus célèbres de la philosophie de la religion, qui se propose de fournir au lecteur de solides raisons de croire en l’existence de Dieu. Pascal y expose l’alternative devant laquelle nous trouvons placés : soit Dieu existe, soit il n’existe pas. Confrontés à une telle situation, nous pouvons donc parier en faveur de l’existence de Dieu, ou bien en faveur de sa non-existence. Pascal analyse ensuite les conséquences qui découlent d’un pari en faveur de l’une ou l’autre option. Il envisage ensuite les quatre cas qui sont ainsi déterminés. Si je parie en faveur de l’existence de Dieu et que Dieu existe (a), alors j’obtiens un gain infini. Si je parie en faveur de l’existence de Dieu et que Dieu n’existe pas (b), alors il en résulte une perte nulle. Si je parie pour la non-existence de Dieu et que Dieu existe (c), alors il s’ensuit une perte infinie. Enfin, si je parie pour la non-existence de Dieu et que Dieu n’existe pas (d), alors je n’obtiens ni gain ni perte. Ainsi, il apparaît que si je parie pour la non-existence de Dieu, je me trouve exposé à une perte infinie. Par conséquent, conclut Pascal, il est plus sage de parier en faveur de l’existence de Dieu, car il s’ensuit soit un gain infini, soit une perte nulle. (…)

L’argument du pari peut être décrit plus précisément de la manière suivante :

  • soit Dieu existe soit Dieu n’existe pas
  • je peux parier soit pour l’existence de Dieu soit pour sa non-existence
  • si je parie en faveur de l’existence de Dieu et que Dieu existe
  • alors j’obtiens un gain infini
  • si je parie en faveur de l’existence de Dieu et que Dieu n’existe pas
  • alors il s’ensuit une perte nulle
  • si je parie en faveur de la non-existence de Dieu et que Dieu existe
  • alors il en résulte une perte infinie
  • si je parie en faveur de la non-existence de Dieu et que Dieu n’existe pas
  • alors il ne s’ensuit ni gain ni perte
  • il est rationnel d’effectuer un choix afin de maximiser les gain et les pertes attendues
  • si je parie en faveur de l’existence de Dieu
  • alors le gain maximal est infini et la perte maximale est nulle
  • si je parie en faveur de la non-existence de Dieu
  • alors le gain maximal est nul et la perte maximale est infinie
  • il est rationnel de parier en faveur de l’existence de Dieu

Paul Franceschi, Introduction à la philosophie analytique

Extrait des Pensées de Pascal sur le pari

« Examinons donc ce point, et disons : “Dieu est, ou il n’est pas.” Mais de quel côté pencherons-nous ? La raison n’y peut rien déterminer : il y a un chaos infini qui nous sépare. Il se joue un jeu, à l’extrémité de cette distance infinie, où il arrivera croix ou pile. Que gagerez-vous ? Par raison, vous ne pouvez faire ni l’un ni l’autre ; par raison, vous ne pouvez défendre nul des deux. Ne blâmez donc pas de fausseté ceux qui ont pris un choix ; car vous n’en savez rien. Non ; mais je les blâmerai d’avoir fait, non ce choix, mais un choix ; car, encore que celui qui prend croix et l’autre soient en pareille faute, ils sont tous deux en faute : le juste est de ne point parier. Oui ; mais il faut parier. Cela n’est pas volontaire, vous êtes embarqué. Lequel prendrez-vous donc ? Voyons. Puisqu’il faut choisir, voyons ce qui vous intéresse le moins. Vous avez deux choses à perdre : le vrai et le bien, et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude ; et votre nature à deux choses à fuir : l’erreur et la misère. Votre raison n’est pas plus blessée, en choisissant l’un que l’autre, puisqu’il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu’il est, sans hésiter. »