S. – Et le menuisier ? Nous l’appellerons l’ouvrier du lit, n’est-ce pas ?

G. – Oui.

S. – Et le peintre, le nommerons-nous l’ouvrier et le créateur de cet objet ?

G. – Nullement.

S. – Qu’est-il donc, dis-moi, par rapport au lit ?

G. – Il me semble que le nom qui lui conviendrait le mieux est celui d’imitateur de ce dont les deux autres sont les ouvriers.

S. – Soit. Tu appelles donc imitateur l’auteur d’une production éloignée de la nature de trois degrés. […] L’imitation est donc loin du vrai, et si elle façonne tous les objets, c’est, semble-t-il, parce qu’elle ne touche qu’à une petite partie de chacun, laquelle n’est d’ailleurs qu’une ombre.

Platon, République, X

À l’origine de l’art poétique dans son ensemble, il semble bien y avoir deux causes, toutes deux naturelles. Imiter est en effet, dès leur enfance, une tendance naturelle aux hommes, et ils se différencient des autres animaux en ce qu’ils sont des êtres fort enclins à imiter et qu’ils commencent à apprendre à travers l’imitation.

Aristote, Poétique

L’art est une opération d’expression (…)

L’opération d’expression, quand elle est réussie, ne laisse pas seulement au lecteur et à l’écrivain lui-même un aide-mémoire, elle fait exister la signification comme une chose au cœur même du texte, elle la fait vivre dans un organisme de mots, elle l’installe dans l’écrivain ou dans le lecteur comme un nouvel organe des sens, elle ouvre un nouveau champ ou une nouvelle dimension à notre expérience.

Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception

Vocabulaire

Réel (Lacan) : « ce contre quoi on bute », ce que l’on ne comprend pas.

Sens : contenu mental déterminé par une activité symbolique ou linguistique. Ce que font connaître un signe, un signal, un comportement, un phénomène, un rêve et aussi une œuvre d’art.

Institution (Merleau-Ponty) = « Evènement d’une expérience qui la dotent d’une dimension durable, par rapport auquel toute une série d’autres expériences auront sens, formeront une suite pensable ou une histoire ».