« CRÉON : Et toi qui courbes la tête contre terre, je te parle : avoues-tu [avoir enterré Polynice]?
ANTIGONE : Je l’avoue, je ne nie pas l’avoir fait.
CRÉON: Pour toi, va où tu voudras ; tu es absous de ce crime. Mais toi, réponds-moi en peu de mots et brièvement : connaissais-tu l’édit qui défendait ceci ?
ANTIGONE : Je le connaissais. Comment l’aurais-je ignoré ? Il est connu de tous.
CRÉON : Et ainsi, tu as osé violer ces lois ?
ANTIGONE : C’est que Zeus ne les a point faites, ni la Justice qui siège auprès des dieux souterrains. Et je n’ai pas cru que tes édits pussent l’emporter sur les lois non écrites et immuables des dieux, puisque tu n’es qu’un mortel. Ce n’est point d’aujourd’hui ni d’hier qu’elles sont immuables ; mais elles sont éternellement puissantes et nul ne sait depuis combien de temps elles sont nées. Je n’ai pas dû, par crainte des ordres d’un seul homme, mériter d’être châtiée par les dieux. »