La signification comme référence
Une première approche consiste à considérer que la signification d’un mot est son référent, c’est-à-dire l’objet auquel il renvoie dans la réalité.
Gottlob Frege distingue la signification (Sinn) et la référence (Bedeutung). Pour lui, un même référent peut avoir plusieurs significations. Par exemple, « l’étoile du matin » et « l’étoile du soir » désignent toutes deux Vénus, mais elles ont des significations différentes.
Le mode de donation d’un objet fait partie de la signification.
Frege, Sens et Référence
Bertrand Russell développe une théorie des descriptions définies selon laquelle les noms propres ne renvoient pas directement aux objets, mais sont des descriptions déguisées. Selon Russell, lorsque nous utilisons un nom propre, nous faisons en réalité référence à un ensemble de propriétés qui permettent d’identifier un objet unique.
Le nom propre a une signification seulement dans la mesure où il est associé à une description définie.
Russell, On Denoting
La signification comme représentation
Une autre approche consiste à considérer que les mots servent à représenter soit le réel, soit la pensée.
Platon, dans sa théorie des Idées, considère que les mots doivent refléter les essences véritables des choses. Selon lui, la signification des mots ne se limite pas à une simple convention, mais doit correspondre à la nature même des choses qu’ils désignent.
Chaque chose a par nature un nom propre qui lui appartient, et ce nom est non pas ce que les hommes appellent les choses en se mettant d’accord, mais celui que lui donne par nature celui qui sait nommer les choses.
Platon, Cratyle, 383a
Si les noms sont corrects, ils rendent compte de l’essence des choses et nous permettent d’accéder à la vérité.
Platon, Cratyle, 389d
John Locke, dans l’empirisme classique, soutient que les mots sont des signes des idées mentales, lesquelles correspondent aux objets réels du monde. Il insiste sur le fait que la signification dépend de l’association entre les mots et les idées qu’ils évoquent dans l’esprit.
Les mots sont employés pour signifier nos idées et non les choses elles-mêmes.
Locke, Essai sur l’entendement humain
La signification comme usage
Une autre approche considère que la signification d’un mot dépend de son usage dans un contexte donné.
Ludwig Wittgenstein, dans sa seconde philosophie, insiste sur l’idée que le sens d’un mot est déterminé par les règles de son usage dans un « jeu de langage ». Autrement dit, il n’existe pas de signification fixe en dehors des pratiques linguistiques et sociales dans lesquelles le mot est employé.
« Le sens d’un mot, c’est son usage dans la langue. »
Wittgenstein, Recherches philosophiques
Cette approche met l’accent sur le rôle social et pragmatique du langage, opposant ainsi une vision plus dynamique à la conception référentielle. Selon Wittgenstein, la signification ne peut être comprise en dehors des pratiques humaines et des contextes d’énonciation.
La signification et la structure du langage
Ferdinand de Saussure, en linguistique structurale, considère que la signification naît de l’opposition entre les signes dans un système. Il définit le signe linguistique comme une relation entre un signifiant (la forme sonore ou écrite d’un mot) et un signifié (le concept associé). La signification ne vient donc pas de la relation entre un mot et un objet du monde, mais des différences entre les signes au sein de la langue.
« Dans la langue, il n’y a que des différences, sans termes positifs. »
Saussure, Cours de linguistique générale
La signification est donc relationnelle et non intrinsèque : un mot n’a de sens que par sa place dans le système de la langue. Par exemple, le mot « chien » n’a de sens que par opposition à d’autres mots comme « chat » ou « loup », qui lui sont proches dans le réseau sémantique.