https://www.ina.fr/video/I12012181

La question des énoncés performatifs s’éclaire si l’on y voit un cas particulier des effets de domination symbolique dont tout échange linguistique est le lieu. Le rapport de forces linguistiques n’est jamais défini par la seule relation entre les compétences linguistiques en présence. Et le poids des différents agents dépend de leur capital symbolique, c’est-à-dire de la reconnaissance, institutionnalisée ou non qu’ils reçoivent d’un groupe : l’imposition symbolique, cette sorte d’efficace magique que l’ordre ou le mot d’ordre, mais aussi le discours rituel ou la simple injonction, ou encore la menace ou l’insulte, prétendent à exercer, ne peut fonctionner que pour autant que sont réunies des conditions sociales qui sont tout à fait extérieures à la logique proprement linguistique du discours. (…)

L’enquête austinienne sur les énoncés performatifs ne peut se conclure dans les limites de la linguistique. L’efficacité magique de ces actes d’institution est inséparable d’une institution définissant les conditions qui doivent être remplies pour que la magie des mots puisse opérer. Comme l’indiquent les exemples analysés par Austin, ces « conditions de félicité » sont des conditions sociales et celui qui veut procéder avec bonheur au baptême d’un navire ou d’une personne doit être habilité pour le faire, de la même façon qu’il faut, pour ordonner, avoir sur le destinataire de l’ordre une autorité reconnue. (…)

Il n’y a pas de pouvoir symbolique sans une symbolique du pouvoir.

Bourdieu, Ce que parler veut dire

Symbolique : par opposition à ce qui est réel, et qui a un effet par soi-même, le symbolique n’a de valeur et d’effet qu’en tant qu’il renvoie à autre chose. Ex : 1 euro symbolique. Cela n’a pas beaucoup de valeur en soi, mais ça en prend en ce qu’il renvoie à une intention, une représentation, une image.